Accrochage permanent participatif: le Walker Art Center a invité les visiteurs à réinventer ses galeries

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  • 1 exposition participative en 4 chapitres

“Tout au long de l’exposition, les réponses accumulées des visiteurs ont été affichées en temps réel, révélant une vision composite des idées, des opinions et des préférences” explique le musée.

Une série d’ateliers en personne avec des groupes de visiteurs ont également été organisés dans les galeries.

“Au cours des deux premières semaines, nous avons eu 2 200 impressions sur la tablette”, a déclaré Amanda Hunt, responsable de l’engagement public, de l’apprentissage et de l’impact du musée, au site The Art Newspaper. “Ce que nous avons immédiatement constaté, c’est que les gens voulaient vraiment donner leur avis de différentes manières. Ils voulaient aussi voir leurs commentaires sur les murs”.

Henriette Huldisch, conservatrice en chef et directrice de la conservation du Walker ajoute : Ce que nous retenons le plus est peut être le changement générationnel. Beaucoup de jeunes s’attendent à pouvoir commenter les choses. À la fin du projet, Walker avait reçu plus de 28 000 réponses uniques à son enquête”.

Avec “Make Sense of This”, le musée a donc souhaité lancer une série de conversations sur le processus de conservation et d’exposition, en demandant aux visiteurs de donner leur avis sur la façon dont ils lisent et comprennent les œuvres présentées.

Henriette Huldisch et son équipe ont ensuite pris en compte les commentaires du public qui l’ont aidé à organiser la refonte du parcours permanent.

  • Besoin d’expression du public

Les conservateurs ont également constaté le besoin de réaction et d’implication des visiteurs dans le cadre de l’installation New Eagle Creek Saloon de l’artiste Sadie Barnette, basée à Oakland, en Californie, qui a été présentée de 2019 au 19 mai 2024.

Le projet doit son nom à un lieu géré par le père de l’artiste au début des années 1990, le premier bar gay appartenant à des Noirs à San Francisco. Au Walker, l’espace installation comprenait un bar fonctionnel au rez-de-chaussée et une salle de lecture avec des textes sur l’histoire LGBTQ+, ainsi que des chargeurs de téléphone. “Ce fut un grand succès auprès du public qui a énormément interagit” se félicite la directrice de la conservation du Walker.

  • Un espace d’engagement dédié au 5ème étage

Cette envie de contribution du public a conduit l’équipe de conservation à créer un espace d’engagement dédié au cinquième étage, au milieu du nouveau parcours, qui occupe les trois galeries supérieures de la tour principale du musée.

Avec une petite zone de lecture ainsi que des tables et des chaises, l’espace d’implication est un endroit où les visiteurs peuvent se ressourcer (mentalement et technologiquement, avec des chargeurs de téléphone fournis) et réfléchir sur les thèmes de l’accrochage permanent This Must Be the Place.

Des phrases écrites dans l’espace de participation encouragent la discussion entre les groupes, et les visiteurs peuvent y répondre sur des feuilles de commentaires qui peuvent être affichées sur un des murs de la galerie.

Les visiteurs peuvent ainsi “s’assoir, avoir une conversation ou simplement lire tranquillement un livre et parcourir le monde des idées dans un contexte muséal”.

  • Réécrire les textes de salles et les cartels

Les retours des visiteurs ont également influencé la façon dont le musée traite désormais ses textes de salles et ses cartels.

Le public interrogé était notamment divisé sur les types de cartels préférés. Henriette Huldisch précise : “on leur a proposé le choix entre une « voix de musée » neutre à la troisième personne et une perspective plus subjective à la première personne. Mais les deux versions ont été soigneusement conçues pour éviter le jargon”.

Une solution de compromis a été trouvée. Le Walker propose des cartels encore assez institutionnels pour le parcours permanent This Must Be the Place, mais le musée produit également du contenu audio plus original diffusé sur l’application Bloomberg Connects. Les visiteurs peuvent ainsi accéder à des témoignages et histoires personnelles de divers membres de l’équipe, tels que des documentalistes, des bibliothécaires et des designers, ainsi que des artistes.

“Nous offrons des récits très subjectifs et idiosyncratiques par des personnes qui ne sont pas seulement des conservateurs, mais également par des partenaires communautaires qui pourraient visiter à l’exposition”, explique le musée.

Un autre retour fréquent des visiteurs était le désir de découvrir une photographie de l’artiste qui a réalisé l’œuvre exposée, mais cette demande est compliquée à mettre en œuvre pour les conservateurs car “de nombreux artistes contemporains ne souhaitent pas nécessairement que leur travail soit lu à la lumière de leur biographie personnelle”.

  • Un musée flexible et réactif

Un élément clé du nouvel accrochage du Walker est sa flexibilité, avec un objectif de rotation des œuvres dans les galeries principales après deux ou trois ans, et certains des plus petits espaces réservés à des changements plus fréquents des œuvres exposées, tous les 12 mois environ.

Cette idée de pertinence a également été demandée par le public du Walker. “Les visiteurs ont répété à plusieurs reprises qu’ils souhaitaient que le Walker s’engage dans un contenu critique et d’actualité et présente des œuvres qui abordent des questions sérieuses, politiques, sociales et culturelles. C’était vraiment intéressant pour nous d’entendre explicitement cette demande qui venait quelque peu valider notre propre envie” explique Henriette Huldisch.

  • Un nouvel accrochage en 4 sections

L’exposition est construite autour de 4 thèmes :

. la signification du terme “foyer” pour différentes personnes, avec des œuvres centrées sur l’amitié, la famille et la communauté

. “La Ville” et les environnements urbains

. “The Land” qui examine l’installation et le déplacement

. la quatrième section, “Lumière, Eau, Espace”, comprend des œuvres abstraites et minimalistes qui explorent les modes de perception.

Dans les nouvelles galeries permanentes, le musée expose les favoris des visiteurs, notamment des peintures telles que Les grands chevaux bleus de Franz Marc (1911) et Bureau la nuit d’Edward Hopper (1940), mais également des œuvres de la collection moins connues.

“L’accrochage intègre les commentaires des visiteurs recueillis lors de l’exposition précédente Make Sense of This (2023), avec des considérations particulières sur la façon dont les œuvres sont présentées et décrites pour encourager la compréhension et l’engagement. Ensemble, ces œuvres font de la collection une ressource vivante et évolutive pour les communautés et un foyer pour des centaines d’histoires et de voix qui se croisent” explique le musée.

L’ouverture du nouveau parcours permanent a fait l’objet d’une nocturne spéciale gratuite le jeudi 20 juin sur les terrasses et dans les salles du Walker. Le public a pu explorer les galeries mais également déguster des boissons et écouter des DJ sets sur le toit. Certaines de ces boissons étaient même inspirées de certaines œuvres d’art emblématiques exposées dans le bar.

En 2010, le Walker avait déjà proposé à ses visiteurs d’être co-commissaire d’une exposition temporaire. (ARTICLE CLIC: L’exposition 50/50 du Walker invite le public à choisir la moitié des oeuvres exposées)

Exposition permanente “Ce doit être l’endroit idéal : à l’intérieur de la collection Walker”, Walker Art Center, Minneapolis, du 20 juin 2024 au 29 avril 2029.

SOURCE: Walker Art Center

PHOTOS: des visiteurs dans le nouveau parcours permanent du musée, Walker Art Center, compte facebook

Date de première publication: 25/06/2024

rnci 24 replay

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